Publié le 04 mai 2023
ENVIRONNEMENT
C’est le printemps de tous les records. En fin de semaine dernière, le thermomètre s’est affolé dans plusieurs pays du bassin méditerranéen. Cette vague de chaleur précoce, corrélée à une sécheresse inquiétante qui s’étend jusqu’à l’Italie, menace les réserves d’eau et les récoltes agricoles de ces régions.
Si l’été n’a pas encore pointé le bout de son nez, les records de températures s’enchaînent déjà sur le bassin méditerranéen. Provoquée par une masse d’air chaud et sec venant d’Afrique du Nord, une vague de chaleur exceptionnellement précoce a atteint plusieurs pays en fin de semaine dernière. Avec des mesures de 12 à 13°C au-dessus des normales de saison, le thermomètre a ainsi atteint 41,3°C à Marrakech, au Maroc, jeudi 27 avril. Un peu plus au nord, le Portugal a enregistré ce même jour un record pour un mois d’avril depuis au moins 78 ans, à 36,9°C à Mora dans le centre du pays.
Des températures accompagnées d’une sécheresse “très préoccupante” selon José Luís Carneiro, ministre de l’Administration intérieure portugais, cité par CNN. “La probabilité de précipitations d’ici l’été est faible et par conséquent, nous allons connaître des tensions dans de nombreux domaines (…). Il est très important de comprendre maintenant que nous allons courir un marathon et non une course de 100 mètres pour arriver jusqu’en septembre”, souligne Miguel Miranda, président de l’Institut portugais de la mer et de l’atmosphère (Ipma) lors d’une réunion avec le ministre.
Le sud de l’Europe à sec
Même constat en Espagne où un record de température absolu pour un mois d’avril a été enregistré avec 38,8°C à Cordoue, selon des données provisoires publiées par l’agence météorologique espagnole (Aemet). Comme au Portugal, plusieurs régions espagnoles sont confrontées à une grave sécheresse. En Andalousie, 80 000 personnes sont actuellement approvisionnées en eau potable par camion, les réservoirs atteignant seulement 25% de leur capacité dans la zone. “C’est la pire période que nous ayons connue au cours des 100 dernières années”, alerte auprès de CNN Samuel Reyes, directeur de l’Agence catalane de l’eau.
Les épisodes de températures exceptionnellement élevées se sont multipliés ces dernières années en Espagne, état européen en première ligne du changement climatique avec près de 75% de son territoire en risque de désertification selon l’ONU. En 2022, le pays a connu son année la plus chaude jamais enregistrée, ayant subi plusieurs vagues de chaleur dès le mois de mai. Selon une étude de l’Université polytechnique de Catalogne, le nombre de jours de l’année marqués par des températures estivales est passé en Espagne de 90 à 145 entre 1971 et 2022.
Et la péninsule ibérique n’est pas la seule concernée. En Italie, la sécheresse fait également des ravages. La vallée du Po, au nord du pays, est particulièrement touchée. Depuis le début du mois d’avril, le fleuve fait face à des conditions estivales, conduisant à un débit extrêmement bas. En cause, le manque de précipitations mais également d’enneigement. Le Cima, centre international de surveillance de l’environnement, fait état d’un déficit de neige de 64% par rapport à l’année précédente. La région des grands lacs rencontre le même destin. Le 20 avril dernier, le taux de remplissage du lac de Garde atteignait seulement 37,1% selon l’Autorité du bassin de Po.
#Copernicus for #drought monitoring
A worrisome drought is affecting #Italy
Lake Garda is particularly affected, with researchers indicating it is well below its seasonal average levels
This #Sentinel2 image shows a comparison of Lake Garda in April 2022 and April 2023 pic.twitter.com/uHbBtt1ogN
— Copernicus EU (@CopernicusEU) May 3, 2023
La heatflation menace
Tout autour du bassin méditerranéen, la situation inquiète autant les autorités que les agriculteurs. Les pays du sud de l’Europe sont en effet de grands producteurs de fruits et légumes. “Les semis des cultures estivales ont commencé avec de fortes inquiétudes quant à la disponibilité future de l’eau pour l’irrigation, compte tenu de la faible capacité des réservoirs”, indique la Commission européenne dans un tweet. A titre d’exemple, 60% des terres agricoles espagnoles sont actuellement “asphyxiées” par le manque de précipitations, d’après le Coag, principal syndicat d’agriculteurs.
Winter crops & spring barley are negatively impacted by the drought in Spain & Portugal, but still in fair condition in Italy.
Sowing of summer crops started with strong concerns about future water availability for irrigation, given the low capacity of water reservoirs. pic.twitter.com/IgZrNpIzpg
— EU Agriculture (@EUAgri) April 28, 2023
Alors que la sécheresse menace les récoltes, le risque de “heatflation”, l’inflation liée à la hausse des températures, devient de plus en plus concret. C’est le cas en Espagne, où le prix de l’huile d’olive connaît depuis 2022 une augmentation de 27%. En Italie, ce sont les tomates qui voient leur coût s’envoler. Ils auraient augmenté de 30 % par rapport à 2022 selon Fabio Massimo Pallottini, président d’Italmercati, réseau italien des marchés de gros mentionné par Bloomberg.
Florine Morestin avec AFP
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