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Baisse de la note financière de la France : l’alerte des marchés en pleine crise sociale

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Manifestation 1mai2023 incendie retraites Alain Jocard AFP

Publié le 03 mai 2023

L’agence de notation financière Fitch a décidé de baisser d’un cran la note de la France pour la première fois depuis près de dix ans. Les raisons ne sont pas uniquement d’ordre économique, Fitch estimant que les tensions sociales provoquées par l’adoption de la réforme des retraites pourraient empêcher le rééquilibrage des comptes publics. 

L’économie peut difficilement ignorer le climat social. C’est ce que semble démontrer la décision de Fitch Ratings de dégrader d’un cran la note de la France. Celle-ci passe à “AA-“, contre “AA” auparavant, notamment parce que l’agence de notation financière estime que “les pressions sociales et politiques illustrées par les manifestations contre la réforme des retraites vont compliquer l’assainissement budgétaire“. La réforme des retraites avait pourtant pour principal objectif de réduire les dépenses publiques pour contribuer à un meilleur équilibre budgétaire et, in fine, rassurer les marchés. L’analyse de Fitch vient mettre par terre le bel édifice.

La note d’une agence financière repose sur l’analyse de la capacité d’un État ou d’une entreprise à rembourser sa dette. La France fait partie des pays les mieux notés même si elle a perdu son triple A, la meilleure note possible, à la suite de la crise de la dette grecque au début des années 2010. Les investisseurs internationaux, qui achètent la dette française émise sous forme d’obligation souveraine sur les marchés, continuent de faire confiance à l’État français et à lui fournir des capitaux pour financer son train de vie.

L’acceptation sociale au cœur du débat

La dégradation de la note par Fitch pourrait donc ne pas entraîner de graves conséquences, d’autant que Moody’s et Standard & Poor’s ont quant à elles choisi de ne pas changer leur évaluation. L’agence reconnaît d’ailleurs les qualités structurelles de l’économie française, à la fois diversifiée et génératrice de richesses. Mais elle envoie néanmoins un signal non négligeable sur la manière dont les tensions sociales peuvent affecter les capacités financières de la France.

La réaction du ministère de l’Économie à la dégradation de la note du pays se limite pourtant à constater une différence d’appréciation des indicateurs économiques de la France, notamment le niveau de croissance du PIB. Le ministère estime ainsi que la décision de Fitch “sous évalue les conséquences des réformes de structure adoptées depuis plusieurs mois par le gouvernement français : réforme de l’assurance chômage, réforme des retraites, baisse des impôts de production“. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des finances, affirme sa détermination à désendetter la France et réduire le déficit public.

Mais c’est bien la capacité à faire comprendre ces réformes et à les faire accepter par la population qui est au cœur du débat. Ce que craint l’agence de notation financière et, par extension les marchés financiers, c’est la pérennité et l’applicabilité de ces réformes à terme, donc leur capacité à réduire la colonne “dépenses” du budget national. “Le blocage politique et les mouvements sociaux (parfois violents) posent un risque à l’agenda des réformes d’Emmanuel Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou un retour en arrière des réformes précédentes“, expliquent les analystes de Fitch.

Mettre fin à l’obsession de la croissance

La France semble empêtrée dans un cercle vicieux, dans lequel les réformes pour désendetter le pays entraînent des mouvements sociaux qui poussent le gouvernement à de nouvelles dépenses, et dans lequel seule la poursuite de la croissance économique permet de maintenir le fragile équilibre. Michael Higgins, le président de l’Irlande, a pourtant offert une porte de sortie dans un discours fait devant un think tank sur les inégalités sociales. Il commence par fustiger l’obsession de la poursuite de la croissance, qui conduit à la catastrophe écologique et omet les “objectifs et problèmes sociaux pour lesquels [l’économie] a été développée pendant des siècles“.

Puis il fixe le défi “de trouver un moyen de construire une alternative à ce discours hégémonique qui fait de la compétitivité, de la productivité, de l’efficacité, la seule mission de l’activité économique“. Il propose de redéfinir l’économie et de revoir le modèle basé sur la seule poursuite de la création de valeur économique “dans laquelle les objectifs, outils et mesures sont conçus pour servir l’objectif fondamental du développement humain“.

Arnaud Dumas

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