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Chute en bourse, jeux annulés, harcèlement sexuel… Ubisoft embourbé dans la crise

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Publié le 18 janvier 2023

Ubisoft, le fleuron français des jeux vidéo, est dans la tourmente. Plombé par des retards et des annulations de sortie de jeux, des mauvaises ventes pendant les fêtes, le groupe a lourdement chuté en Bourse. Derrière ces déboires financiers, l’éditeur de jeux vidéo traverse également une crise sociale depuis 2020 sur fond de révélations de harcèlement sexuel. De quoi susciter des inquiétudes. 

C’est la pépite française du jeu vidéo. Pendant des années, Ubisoft s’est maintenu dans le top 3 mondial des éditeurs indépendants de jeux vidéo, résistant aux assauts d’Electronic Arts et au raid de Vivendi, désireux de le racheter. Le groupe est à l’origine des Lapins Crétins, de Rayman, Assassin’s Creed… des titres qui parlent même aux non-gameurs. Mais le vent tourne pour l’entreprise française qui dévisse en Bourse. Le 12 janvier, l’action du groupe a chuté de 14,03% sur la place de Paris.

La veille, Ubisoft avait lancé un “profit warning”, un avertissement avant même l’annonce de ses résultats annuels prévu fin mars, pour partager la mauvaise nouvelle : ses revenus seront en recul de 10% au lieu d’une croissance prévisionnelle de 10%. “Nous sommes clairement déçus par notre performance récente. Nous sommes confrontés à des dynamiques de marché contrastées alors que l’industrie continue de s’orienter vers les méga-marques et les jeux Live, persistant dans un contexte de dégradation des conditions macroéconomiques affectant les dépenses des consommateurs”, a déclaré dans un communiqué le confondateur et PDG, Yves Guillemot. 

Plainte pour harcèlement sexuel institutionnel

Symbole de la chute d’Ubisoft, la sortie du jeu Skull and Bones, annoncée en 2017, est repoussée pour la sixième fois. Le groupe, qui avait déjà abandonné sept jeux cet été, met un terme à la conception de trois autres. “Nous sommes déboussolés par l’ampleur des difficultés rencontrées par Ubisoft”, écrit l’analyse d’Oddo BHF Emmanuel Matot dans une note citée par Morning star. Et l’avenir s’assombrit avec une volonté de réduction des coûts de plus de 200 millions d’euros au cours des deux prochaines années. De quoi faire bondir le syndicat Solidaires informatique qui demande un “engagement contre les licenciements déguisés et une condamnation contre les politiques managériales abusives qui poussent les salariés à la démission”. Un appel à la grève a ainsi été lancé pour les salariés d’Ubisoft Paris le 27 janvier après-midi. 

Car les enjeux ne sont pas seulement financiers pour le groupe. Ubisoft est plongé dans une crise sociale depuis les accusations de harcèlement sexuel visant plusieurs cadres du groupe. En juillet 2020, le journal Libération s’empare de témoignages sur les réseaux sociaux et publie un article édifiant sur les pratiques au sein du groupe. Contacté par Novethic, Marc Rutschle, représentant de section syndicale chez Ubisoft Paris, évoque une “grande culture de l’impunité”. Un an plus tard, le 15 juillet 2021, le syndicat Solidaires Informatique dépose une plainte contre Ubisoft pour “harcèlement sexuel institutionnel”. 

Des équipes refusent de travailler 

“On sait qu’on en a pour 5 à 10 ans de procédure. Depuis notre alerte, plusieurs types ont été virés, ça a fait un appel d’air, mais certains sont toujours en place”, rapporte Marc Rutschle. Preuve en est, un employé d’Ubisoft membre du collectif A Better Ubisoft souhaitant rester anonyme a déclaré en septembre dernier au média The Gamer que plusieurs développeurs avaient refusé de travailler sur le projet Assassin’s Creed Project Red à cause du directeur créatif Jonathan Dumont, accusé en 2020 de harcèlement. “Dumont a été la raison du départ de plusieurs de mes collègues. Que ce soit à cause d’avances sexuelles, de rabaissement, de la peur de lui ou d’avoir vu son comportement lorsqu’il était de mauvaise humeur”, témoigne cette source. 

Ces accusations de harcèlement sexuel ont contribué à la chute d’Ubisoft, en mal de recrutement dans un contexte de guerre de talents dans l’industrie du jeu vidéo. Et Ubisoft n’est pas un cas isolé. Activision Blizzard, un des plus grands éditeurs de jeux vidéo au monde, connu du grand public pour Call of Duty, a lui aussi été secoué par des accusations de harcèlement sexuel et de discrimination. “Quand on a 80% d’hommes de moins de 30 ans dans un studio, ça renforce la culture du silence. Il faut casser ça, faire plus d’efforts pour recruter des femmes”, demande Marc Rutschle. 

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