Publié le 02 mai 2023
ENVIRONNEMENT
L’Union européenne est finalement parvenu à un accord pour développer les carburants aériens durables. Utilisés sous la forme de biocarburants ou de carburants de synthèse, ils sont clés pour réduire les émissions du secteur. Tous les vols au départ de l’UE devront en incorporer dès 2025.
Après un premier échec en trilogue en décembre dernier, l’Union européenne a finalement trouvé, le 26 avril dernier, un accord sur les carburants aériens durables (CAD) ou SAF, en anglais. Le texte, qui doit encore être adopté par le Conseil et le Parlement, fixe une part minimale de carburants durables pour l’aviation à mettre à disposition dans les aéroports de l’UE, afin de réduire les émissions et d’assurer la neutralité climatique d’ici 2050.
La loi européenne – connue sous le nom de ReFuelEU – prévoit qu’à partir de 2025, tous les vols au départ d’un aéroport de l’UE seront obligés d’incorporer une part minimale de carburants d’aviation durables de 2% en 2025. En 2030, ce pourcentage passera à 6 %, puis progressivement à 20 % en 2035, 34 % en 2040, 42 % en 2045, pour monter à 70 % d’ici à 2050, date à laquelle le transport aérien s’est engagé à attendre la neutralité carbone.
Le problème des huiles de cuisson
Ces carburants durables englobent toutes les alternatives au kérosène fossile. Ils désignent à la fois les biocarburants avancés (élaborés à partir de déchets, d’huiles usagées, de plantes non alimentaires…) et les carburants de synthèse produit grâce à de l’hydrogène vert. Dans l’accord trouvé au sein de l’UE, les négociateurs ont exclu certaines des matières premières les plus controversées, telles que les cultures vivrières et les sous-produits de l’huile de palme (PFAD) “car ils ne sont pas conformes aux critères de durabilité”, précise le Parlement européen dans un communiqué.
Mais d’autres matières problématiques ont été conservées, telles que les graisses animales, un sous-produit du processus d’abattage des animaux. “Leur inclusion risque de créer des pénuries dans d’autres industries qui les utilisent déjà, comme l’industrie des aliments pour animaux de compagnie. Ces industries pourraient alors se rabattre vers l’huile de palme, qui est très souvent le substitut choisi pour les graisses animales”, alerte Transport&Environment (T&E).
Les négociateurs n’ont pas non plus fixé de plafond pour l’utilisation des huiles de cuisson usagées, “ce qui pourrait conduire à une demande de l’aviation européenne supérieure à ce que le continent peut fournir de manière durable, le rendant ainsi dépendant des importations et augmentant le risque de fraude”, ajoute l’association.
“La montée en puissance des SAF peut maintenant commencer”
L’UE fixe également un seuil minimum pour les carburants de synthèse à 1,2% entre 2030 et 2031 et 2% entre 2032 et 2035. Il s’agit d’une nette augmentation par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne (0,7 % entre 2030 et 2035) et d’une victoire majeure pour le Parlement européen. “Les carburants synthétiques (e-kérosène) sont le seul type de SAF pouvant être produit en masse de manière durable pour répondre à la demande de carburant du secteur“, rappelle T&E.
Un label européen pour la performance environnementale des vols sera mis en place à partir de 2025. Il indiquera l’empreinte carbone prévue par passager et les émissions de CO2 par kilomètre. Les passagers pourront ainsi comparer les performances environnementales des vols proposés par différentes compagnies sur un même itinéraire.
“La montée en puissance des SAF peut maintenant commencer”, se réjouit Matteo Mirolo, responsable des carburants d’aviation durables chez T&E. Alors que les coûts des carburants durables sont trois à cinq fois supérieurs à celui du kérosène, il assure, “qu’ils deviendront progressivement moins chers et plus largement disponibles, en particulier pour le e-kérosène”. Pour l’instant, la production de carburants durables, essentiellement constitués de biocarburants, représente environ 100 millions de litres par an et il faudrait qu’elle soit de 450 milliards en 2050.
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