Publié le 23 février 2023
C’était le 24 février 2022. Le monde assistait stupéfait à l’invasion russe en Ukraine. Un an après, la guerre s’est installée sur le sol européen et les répercussions sont lourdes. Le cyberespace est devenu un terrain de guerre, les problèmes d’exportation de blé ukrainien ont accentué l’insécurité alimentaire dans des pays pauvres, et en toile de fond, les cas d’atteintes à l’environnement se sont multipliés, poussant l’Ukraine à répertorier ces “écocides” pour demander réparation. Voici le premier épisode de notre série consacrée à l’invasion russe, un an après.
Dès les prémices de la guerre, alors que le bruit des bottes résonnait aux portes de l’Europe, le chercheur à l’Iris et directeur du club Demeter Sebastien Abis prévenait : “Si la Russie envahit l’Ukraine, Moscou contrôlera un tiers du marché international du blé et cela mettra en péril la sécurité alimentaire de nombreux pays”. Un an après, les Ukrainiens résistent. Selon les données satellites de la Nasa, la récolte a été bonne avec 26,6 millions de tonnes de blé. Problème : Moscou a fait main basse sur une partie des récoltes dans les territoires qu’il occupe en Ukraine.
En plus du vol de matériel agricole, la Russie a également imposé un blocus économique en mer Noire qui contraint le volume des exportations. Or le flux céréalier ukrainien est vital pour de nombreux pays comme l’Ethiopie, le Yemen, la Somalie ou l’Afghanistan. Le programme alimentaire mondial (PAM) achetait d’ailleurs la moitié du stock de céréales à l’Ukraine avant la guerre pour les redistribuer. Face à cette menace pour la sécurité alimentaire mondiale, la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations Unies ont signé un accord permettant à Kiev de continuer ses exportations de céréales malgré la guerre. Mais cet accord se trouve dans une “situation difficile” selon l’ONU. Il doit être renouvelé le 18 mars prochain. L’incertitude autour de sa reconduction a fait exploser le cours du blé, qui a frôlé la barre symbolique des 300 euros la tonne sur Euronext mi-février.
C’est une victime collatérale de la guerre. Derrière le lourd tribut humain, les atteintes environnementales sont importantes. Dans un tweet publié le 2 janvier, le ministre de la défense de l’Ukraine, Oleksii Reznikov écrit : “Les dommages causés par la Russie à l’environnement ukrainien sont estimés à 35,3 milliards de dollars. Des millions d’hectares de réserves naturelles sont menacés. L’article 55 du Protocole (des conventions de Genève, NDR) interdit de faire la guerre à l’environnement à titre de représailles, mais la Russie s’en moque”.
Selon The Guardian, l’Ukraine envisagerait de demander une indemnisation à Moscou pour ces crimes environnementaux. Le ministère de l’Environnement a d’ailleurs créé une hotline pour signaler les cas d’écocide. Au total, au 6 février, plus de 2303 cas de dommages environnementaux avaient été enregistrés. Le gouvernement évoque un tiers des terres arables non disponibles pour l’agriculture, 600 espèces d’animaux et 880 espèces de plantes menacées d’extinction ou encore 230 000 tonnes de ferrailles liées aux équipements militaires russes détruits. Si ces chiffres participent en partie à la communication du gouvernement ukrainien, plusieurs ONG comme Conflict and Environment Observatory, recensent depuis des mois les impacts environnementaux de la guerre. D’autres comme l’ONG ukrainienne Ecoaction ou Greenpeace planchent sur une reconstruction écologique et durable du pays.
Officiellement, la guerre en Ukraine a commencé le 24 février. Officieusement, sans explosion ni tir de balles, c’est la veille qu’elle a débuté avec une cyberattaque qui a failli paralyser tout le pays. C’est ce que raconte le documentaire Cyber, la guerre est déclarée diffusée sur France 5 le 9 octobre dernier. Depuis, la planète a basculé “dans l’ère ces cyberattaques” comme titre Le Monde. Fin décembre, les services de cybersécurité ukrainiens comptabilisaient plus de 4 500 cyberattaques russes en 2022 contre leur pays.
“Lorsque nous observons la situation dans le cyberespace, nous remarquons une certaine coordination entre les frappes cinétiques et les cyberattaques, et puisque la majorité des attaques cinétiques sont organisées contre des civils – étant un acte direct de crime de guerre – les actions de soutien dans le cyber peuvent être considérées comme des crimes de guerre”, a déclaré Victor Zhora, responsable de la transformation numérique au Service d’État des communications spéciales et de la protection de l’information (SSSCIP) d’Ukraine dans une interview à Politico.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina
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