Face au poids environnemental majeur du numérique, la chasse aux objets inutilisés est lancée dans les entreprises. Augmenter leur durée de vie, adopter des appareils moins gourmands en ressources… toutes rivalisent de mesures pour réduire leur empreinte. Mais le seul chemin à suivre est celui de la sobriété, résume une nouvelle étude par l’Ademe-Arcep.
Les émissions de gaz à effet de serre doivent être divisées par deux d’ici 2050 pour rester en-dessous de 1,5 degré de réchauffement. Pourtant, l’empreinte carbone du numérique explose. En France, celle-ci équivaut déjà au secteur aérien, soit 2,5% du bilan carbone de la France et pourrait encore s’alourdir. Elle augmenterait de 45% d’ici 2030 et de 187% d’ici 2050 si rien n’est fait pour la limiter.
Ce sont les résultats de l’étude “L’empreinte environnementale du numérique en 2020, 2030 et 2050 en France” publiée par l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, et de l’Arcep, l’agence de régulation des communications électroniques, en mars 2023. Le rapport souligne l’impact des équipements tels que les téléviseurs, smartphone ou encore des objets connectés, et montre que la sobriété serait le seul scénario efficace pour réduire les émissions.
Le scénario de “sobriété numérique” pourrait réduire les émissions de 16% d’ici 2030. Le scénario d'”écoconception généralisée” ne parvient pas à réduire les émissions mais limite à 5% la hausse, contre 20% dans le scénario d’ “écoconception légère” et 45% dans le “scénario tendanciel”. Que demande le “scénario de sobriété” ? Augmenter la durée de vie des équipements de deux ans en moyenne, endiguer la tendance actuelle à la multiplication des appareils, en plus de généraliser l’écoconception. L’Ademe et l’Arcep tablent tout de même sur une augmentation des usages, plus légère que dans les autres scénarios.
Le poids majeur des équipements
L’étude rappelle le poids majeur des équipements numériques dans le bilan carbone, estimé à 79% contre 16 % pour les centres de données et 5 % pour les réseaux. Et bien que le temps passé devant les écrans augmente, c’est leur fabrication qui compte le plus, avec 78% de l’impact contre 21% pour l’usage et la consommation d’électricité liée. Les catégories d’objet qui ont le plus d’impact en France sont les téléviseurs, à cause de leur forte empreinte carbone, et des smartphones, dont le renouvellement est fréquent. L’étude Arcep-Ademe recommande par exemple de mutualiser les appareils, de recourir au reconditionné ou encore d’abandonner progressivement les téléviseurs au profit de vidéoprojecteurs, au bilan carbone plus léger dans l’ensemble du cycle de vie.
Plusieurs acteurs se préparent déjà. Les étagères du groupes Sipa Ouest France se sont ainsi allégées suite à une opération de don. ““Nous avions 2,3 ordinateurs par collaborateur, nous faisons aujourd’hui la chasse à l’argument du “au cas où”. La réglementation va pousser les acteurs à évoluer, mais en attendant, nous, on agit !”, lance Julie Quintard, cheffe de projet engagement et développement durable alors que le numérique représente actuellement 7% du bilan carbone de son groupe. “La place du numérique est exponentielle dans nos médias, nous ne pourrons pas réduire son bilan carbone, mais nous nous engageons à stabiliser sa part” affirme-t-elle.
Chez EDF on vise à allonger la durée de vie. “Nous avons prolongé la durée de dotation de nos smartphones de 24 à 36 mois”, témoigne auprès de Novethic Claire Lardière, chargée de mission numérique responsable chez EDF. Difficile de faire mieux, selon elle, à cause des nombreuses contraintes internes de sécurité, de performance et de satisfaction des utilisateurs. Elle regrette également les problématiques de mises à jour logicielles sur les ordinateurs et le coût de la maintenance d’appareils obsolètes.
La tentation de la greentech
Et si le numérique pouvait contribuer à réduire l’empreinte carbone d’autres secteurs ? C’est l’objet des scénarii “Pari réparateur” et “Technologies vertes” dessinés par l’Ademe pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. L’étude Arcep-Ademe s’est prêtée au jeu et a estimé que l’empreinte carbone du numérique serait multipliée par 5 dans le scénario “Pari réparateur”, soit le double du scénario tendanciel, et par près de 4 dans le scénario “Technologies vertes”.
L’étude alerte sur deux risques. Le premier est celui de parier sur des technologies aujourd’hui immatures. Le second est celui de déplacer le problème. En confiant la réduction des émissions de CO2 dans les mains du numérique, la dépendance dans des ressources comme les métaux et terres rares pourrait exploser. “Le secteur du Numérique, peut, par des services innovants, contribuer à apporter des solutions face aux enjeux climatiques, mais ne s’exonère pas pour autant des efforts à faire pour réduire lui-même son impact environnemental” affirme Laure de La Raudière, la présidente de l’Arcep, lors du discours de présentation de l’étude.
Écoconception, sobriété… Comment réduire l’empreinte carbone du numérique en une infographie
Publié le 22 mars 2023
ENVIRONNEMENT
Face au poids environnemental majeur du numérique, la chasse aux objets inutilisés est lancée dans les entreprises. Augmenter leur durée de vie, adopter des appareils moins gourmands en ressources… toutes rivalisent de mesures pour réduire leur empreinte. Mais le seul chemin à suivre est celui de la sobriété, résume une nouvelle étude par l’Ademe-Arcep.
Les émissions de gaz à effet de serre doivent être divisées par deux d’ici 2050 pour rester en-dessous de 1,5 degré de réchauffement. Pourtant, l’empreinte carbone du numérique explose. En France, celle-ci équivaut déjà au secteur aérien, soit 2,5% du bilan carbone de la France et pourrait encore s’alourdir. Elle augmenterait de 45% d’ici 2030 et de 187% d’ici 2050 si rien n’est fait pour la limiter.
Ce sont les résultats de l’étude “L’empreinte environnementale du numérique en 2020, 2030 et 2050 en France” publiée par l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, et de l’Arcep, l’agence de régulation des communications électroniques, en mars 2023. Le rapport souligne l’impact des équipements tels que les téléviseurs, smartphone ou encore des objets connectés, et montre que la sobriété serait le seul scénario efficace pour réduire les émissions.
Le scénario de “sobriété numérique” pourrait réduire les émissions de 16% d’ici 2030. Le scénario d'”écoconception généralisée” ne parvient pas à réduire les émissions mais limite à 5% la hausse, contre 20% dans le scénario d’ “écoconception légère” et 45% dans le “scénario tendanciel”. Que demande le “scénario de sobriété” ? Augmenter la durée de vie des équipements de deux ans en moyenne, endiguer la tendance actuelle à la multiplication des appareils, en plus de généraliser l’écoconception. L’Ademe et l’Arcep tablent tout de même sur une augmentation des usages, plus légère que dans les autres scénarios.
Le poids majeur des équipements
L’étude rappelle le poids majeur des équipements numériques dans le bilan carbone, estimé à 79% contre 16 % pour les centres de données et 5 % pour les réseaux. Et bien que le temps passé devant les écrans augmente, c’est leur fabrication qui compte le plus, avec 78% de l’impact contre 21% pour l’usage et la consommation d’électricité liée. Les catégories d’objet qui ont le plus d’impact en France sont les téléviseurs, à cause de leur forte empreinte carbone, et des smartphones, dont le renouvellement est fréquent. L’étude Arcep-Ademe recommande par exemple de mutualiser les appareils, de recourir au reconditionné ou encore d’abandonner progressivement les téléviseurs au profit de vidéoprojecteurs, au bilan carbone plus léger dans l’ensemble du cycle de vie.
Plusieurs acteurs se préparent déjà. Les étagères du groupes Sipa Ouest France se sont ainsi allégées suite à une opération de don. ““Nous avions 2,3 ordinateurs par collaborateur, nous faisons aujourd’hui la chasse à l’argument du “au cas où”. La réglementation va pousser les acteurs à évoluer, mais en attendant, nous, on agit !”, lance Julie Quintard, cheffe de projet engagement et développement durable alors que le numérique représente actuellement 7% du bilan carbone de son groupe. “La place du numérique est exponentielle dans nos médias, nous ne pourrons pas réduire son bilan carbone, mais nous nous engageons à stabiliser sa part” affirme-t-elle.
Chez EDF on vise à allonger la durée de vie. “Nous avons prolongé la durée de dotation de nos smartphones de 24 à 36 mois”, témoigne auprès de Novethic Claire Lardière, chargée de mission numérique responsable chez EDF. Difficile de faire mieux, selon elle, à cause des nombreuses contraintes internes de sécurité, de performance et de satisfaction des utilisateurs. Elle regrette également les problématiques de mises à jour logicielles sur les ordinateurs et le coût de la maintenance d’appareils obsolètes.
La tentation de la greentech
Et si le numérique pouvait contribuer à réduire l’empreinte carbone d’autres secteurs ? C’est l’objet des scénarii “Pari réparateur” et “Technologies vertes” dessinés par l’Ademe pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. L’étude Arcep-Ademe s’est prêtée au jeu et a estimé que l’empreinte carbone du numérique serait multipliée par 5 dans le scénario “Pari réparateur”, soit le double du scénario tendanciel, et par près de 4 dans le scénario “Technologies vertes”.
L’étude alerte sur deux risques. Le premier est celui de parier sur des technologies aujourd’hui immatures. Le second est celui de déplacer le problème. En confiant la réduction des émissions de CO2 dans les mains du numérique, la dépendance dans des ressources comme les métaux et terres rares pourrait exploser. “Le secteur du Numérique, peut, par des services innovants, contribuer à apporter des solutions face aux enjeux climatiques, mais ne s’exonère pas pour autant des efforts à faire pour réduire lui-même son impact environnemental” affirme Laure de La Raudière, la présidente de l’Arcep, lors du discours de présentation de l’étude.
Fanny Breuneval
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