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En Finlande, après la Suède et les Pays-Bas, la revanche électorale des partis nationalistes et anti-écologistes

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Sanna Marin Finlande elections JONATHAN NACKSTRAND AFP

Publié le 04 avril 2023

Sanna Marin, la jeune Première ministre finlandaise, a perdu son poste le 2 avril malgré sa popularité. En Finlande comme en Suède ou aux Pays Bas, les partis de droite associés à l’extrême droite regagnent du terrain avec des thèmes de campagne populistes, anti-immigration, anti-écologie et libéraux sur le plan économique. Effet de backslash politique sur le modèle nord-européen de sociétés progressistes, sociales démocrates, préoccupées par l’environnement. Celles qui espèrent amener des changements grâce à leurs élections mènent un combat épuisant.

Le nouveau futur Premier Ministre finlandais s’appelle Petteri Orpo et ses priorités sont l’économie et la réduction de la dette. Son parti conservateur a obtenu 20,8% des voix lors des élections législatives du 2 avril, juste devant le parti nationaliste des “vrais Finlandais”, qui lui bat tous ses records avec 20,1% des voix. L’intense campagne menée sur les réseaux sociaux a propulsé sa cheffe, la blonde souriante Riikka Purra, a une place jamais atteinte depuis la création de l’organisation en 1995. 

Dans son programme, on trouve, entre autres, la volonté de renoncer à l’engagement de neutralité carbone du pays pour 2035, pourtant inscrit dans la loi. Riikka Purra estime qu’une réforme de la politique environnementale du pays est nécessaire afin de diminuer son ambition. Les deux partis sont en train de négocier leur alliance.

“Ecolo-connectée” et défenseure active des droits LGBT+

En attendant, le parti de Sanna Marin, jeune Première Ministre finlandaise sociale-démocrate, reste puissant puisqu’il a obtenu 19,9% des voix, son meilleur score. Sa figure emblématique est toujours populaire, contrairement à ses alliés écologistes, qui eux reculent de trois points. Qualifiée de “benjamine écolo-connectée” des dirigeants européens, Sanna Marin est aussi une défenseure active des droits LGBT+. Autant de valeurs attaquées frontalement par les formations politiques qui promettent à leurs électeurs de revenir à un ancien monde, beaucoup plus conservateur. 

La recette a fonctionné en Finlande, tout comme en Suède à l’automne dernier quand Magdalena Andersson, la Première ministre sortante, sociale-démocrate, à la tête d’une coalition de gauche, a été battue par le parti conservateur talonné par le parti nationaliste “Les démocrates de Suède” aux positions ouvertement climato sceptiques. Sous son influence, le pays de Greta Thunberg a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre depuis cinq mois, inversant la tendance à l’œuvre depuis 20 ans. Le nouveau gouvernement a supprimé les investissements du précédent sur les trains à grande vitesse, l’incitation financière pour acheter des voitures électriques et réduit le budget pour la protection de la nature.

Très grande fatigue

Aux Pays-Bas, cette résistance aux transformations environnementales est incarnée par Caroline Van der Plas. Cette agricultrice dirige le Mouvement Agriculteur citoyen (BoerBurgerBeweging en néerlandais, BBB pour les électeurs) qui a fait une percée spectaculaire aux élections provinciales du 15 mars dernier. Cela vaut à cette formation de droite, populiste, anti-Union européenne et anti-immigration, de jouer un rôle de premier plan au Sénat alors que deux ans auparavant il n’existait quasiment pas. C’est le plan de réduction des pollutions liées à l’élevage intensif dont le pays est un champion qui a mis le feu aux poudres.

Il prévoit de baisser de 20% le nombre d’animaux – qui restera supérieur au nombre d’habitants – mais aussi d’expulser les fermiers dont les exploitations sont trop près des zones Natura 2000 pour les protéger de la pollution. Les sols du premier exportateur européen de viande sont saturés de protoxyde d’azote, d’ammoniac et de nitrates. Les émissions de gaz à effet de serre des élevages de porcs et de vaches représentent près de la moitié de celles du pays. Peu importe, les agriculteurs ont enfourché leurs tracteurs et donné à leur égérie, Caroline Van der Plas, un poids politique inespéré.

Les figures politiques féminines ne sont donc pas forcément des représentantes d’un nouveau monde plus écologiste et moins basé sur des rapports de force. En revanche, les dirigeantes qui tentent d’insuffler des voies alternatives s’épuisent dans des combats incessants avec les tenants des politiques conservatrices et populistes tournés vers le passé. Le départ récent de la néozélandaise Jacinda Ardern, tout comme celui de Nicola Sturgeon, la voix de l’indépendantisme écossais, qui ont toutes deux exprimé leur très grande fatigue, témoignent de la difficulté à inventer d’autres chemins politiques pour affronter les crises, qu’elles soient climatiques, environnementales ou sociales.

Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic

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