Fast fashion : Shein accusée de vendre des vêtements contenant des substances toxiques

Shein n’en a pas fini de faire débat. Le leader chinois de l’ultra fast fashion vient d’être épinglé par Greenpeace Allemagne concernant l’impact de ses produits sur l’environnement et la santé. Dans un rapport publié le 23 novembre dernier (disponible en anglais), l’ONG accuse en effet Shein de vendre des articles contenant des substances chimiques dangereuses, enfreignant la réglementation européenne.

Accessoires, vêtements pour enfant, chaussures… Greenpeace s’est procuré 47 pièces issues du catalogue en ligne de la marque et d’une boutique éphémère installée à Munich, en Allemagne, pour les faire analyser par un laboratoire indépendant. Les conclusions qui en découlent sont plus qu’inquiétantes. Sur l’ensemble des produits examinés, 32% contiennent des “substances chimiques dangereuses à des niveaux préoccupants” selon les auteurs de l’étude. Pire : sept articles dépassent les limites règlementaires fixées par l’Union européenne, dont cinq à 100% ou plus.

#Environnement | Perturbateurs endocriniens, substances cancérigènes… Un nouveau rapport de @Greenpeace alerte sur la présence de produits chimiques à des taux de concentration élevés dans certains vêtements et accessoires vendus par #Shein pic.twitter.com/IhNnwmtChG

— Novethic (@Novethic) December 8, 2022

Des taux jusqu’à 685 fois supérieur aux normes

L’ONG pointe particulièrement du doigt plusieurs paires de chaussures où des niveaux élevés de nickel, un allergène possiblement cancérigène, et de phtalates, une substance toxique pour la reproduction classée parmi les perturbateurs endocriniens, ont été relevés. Un modèle de botte contient notamment 685 000 mg/kg de phtalate, alors que la réglementation exige une limite inférieure à 1 000 mg/kg, note Greenpeace dans le rapport. Soit 685 fois plus ! L’analyse de deux articles pour enfant révèle également la présence de formaldéhyde, un produit cancérogène, à des taux importants.

Les consommateurs ne sont pas les seuls affectés par l’usage de ces substances à des niveaux de concentration toxiques. “Les salariés des fournisseurs de Shein et les personnes des communautés environnantes (…) subissent les conséquences de [cette] dépendance aux produits chimiques dangereux”, dénonce dans un communiqué Viola Wohlgemuth, Chargée de campagne sur les substances toxiques et l’économie circulaire pour Greenpeace.

Des substances néfastes pour la santé et la planète

En outre, au-delà de leur impact sur la santé, ces substances chimiques représentent un vrai risque écologique. Certaines ont en effet la caractéristique d’être persistantes, c’est-à-dire qu’elles ne se décomposent pas. Tout au long de la vie des vêtements et accessoires, de leur fabrication à leur destruction en passant par leur usage ou leur éventuel recyclage, elles s’accumulent et polluent l’environnement, “laissant un héritage toxique aux générations futures” déplore Greenpeace. 

Populaire auprès des adolescents et des jeunes adultes grâce à des prix ultra compétitifs, une présence agressive sur les réseaux sociaux et un modèle fondé sur la vente au détail en temps réel, Shein n’en est pas à sa première controverse. Très bas salaires, cadences intenables, ateliers dangereux… Plusieurs enquêtes ont alerté sur les conditions de travail et de sécurité ayant lieu dans les usines de ce nouveau géant de la mode.

“Un modèle économique qui repose sur l’absence d’application des réglementations destinées à protéger l’environnement, ainsi que la santé et la sécurité des travailleurs et des consommateurs” selon Greenpeace, qui appelle à la création d’un traité international pour réguler l’empreinte démesurée du secteur de la mode.

Florine Morestin