Les dirigeants économiques les plus puissants de la planète se rassemblent à Davos, en Suisse, depuis plus de 50 ans pour un Forum dont l’ambition est de “promouvoir un changement positif du système à long terme par le dialogue public/privé des leaders mondiaux afin d’améliorer l’état du monde”. Face aux crises multiples du moment, l’édition 2023 a laissé entrevoir les failles de ce mode d’échanges, de la colère d’Al Gore sur l’inaction climatique à l’appel d’Arthur Sadoun, le président de Publicis à intégrer le cancer dans le monde du travail. En revanche, pour le PDG de Microsoft, Davos reste Davos !
La colère salutaire d’Al Gore restera-t-elle la bande son de l’édition 2023 du Forum de Davos ? Il a explosé sur la scène d’une session le 18 janvier qui rassemblait les dirigeants de deux multinationales, l’entreprise américaine de technologie Sales Forces et la compagnie minière australienne Fortescue, le président colombien Gustavo Petro et la présidente du Congrès national des Indiens d’Amérique. “Nous ne gagnons pas la bataille”, a martelé l’ancien vice-président américain et prix Nobel de la paix pour son action climatique. “Les émissions vont bien plus vite que les solutions que nous devrions mettre en œuvre.” Pendant quatre minutes, Al Gore secoue l’assistance de Davos.
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Après avoir dressé le tableau des conséquences du changement climatique, il déplore rageusement : “nous avons perdu nos capacités d’auto-régulation. Comment expliquer aux jeunes activistes que le président de la COP28 dirige une compagnie pétrolière ? Comment pouvons-nous espérer parler de la baisse de production des énergies fossiles en laissant les compagnies pétrolières et gazières réduire le moindre petit bout de régulation climatique ?” Et de conclure en rappelant que la volonté politique est aussi une source d’énergie renouvelable, ce que confirme le président colombien de gauche. Pour lui, “la crise climatique est entièrement due au mythe économique qu’est le capitalisme”, ce qui à Davos ne manque pas de sel !
Davos reste Davos
Fendre l’armure est aussi une disruption dans un monde de “grands patrons” souvent assimilés à des “surhommes”. C’est ce qu’a osé Arthur Sadoun, le président du groupe Publicis, coté au CAC40, qui a évoqué le cancer de la gorge qu’il a surmonté l’année dernière. Il a lancé, à Davos, l’initiative “Working with cancer” pour lutter contre les discriminations qui conduisent 50% des malades concernés à ne pas oser en parler à leur employeur. Le spot de la campagne montre des personnes en train de dissimuler leurs souffrances au travail. Pour Arthur Sadoun, “la lutte contre le cancer est de plus en plus importante et une approche véritablement collaborative peut se transformer en un impact profond et durable pour les patients au travail”.
Le Forum de Davos n’est malgré tout pas devenu “altermondialiste”. Au-delà des vols massifs en jet privé pour s’y rendre, dénoncés pour leurs nuisances climatiques, la polémique déclenchée par Microsoft montre que Davos reste Davos. La compagnie, dirigée par Satya Nadella, y a organisé un concert privé de Sting pour une cinquantaine de VIP avant d’annoncer le lendemain le licenciement massif de 10 000 salariés (5% de ses effectifs).
Les licenciements massifs dans la tech ont alimenté bon nombre de conversations puisqu’ils sont la preuve des failles de ces modèles portés aux nues jusque-là. Leur nombre a sans doute aidé les participants à comprendre qu’économie et social sont indissolublement liés et que le grand rêve du “techno-solutionnisme” par transfert dans le métavers, a du plomb dans l’aile.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT_, directrice générale de Novethic
Forum de Davos 2023 : ni tout à fait le même ni tout à fait un autre
Publié le 23 janvier 2023
Les dirigeants économiques les plus puissants de la planète se rassemblent à Davos, en Suisse, depuis plus de 50 ans pour un Forum dont l’ambition est de “promouvoir un changement positif du système à long terme par le dialogue public/privé des leaders mondiaux afin d’améliorer l’état du monde”. Face aux crises multiples du moment, l’édition 2023 a laissé entrevoir les failles de ce mode d’échanges, de la colère d’Al Gore sur l’inaction climatique à l’appel d’Arthur Sadoun, le président de Publicis à intégrer le cancer dans le monde du travail. En revanche, pour le PDG de Microsoft, Davos reste Davos !
La colère salutaire d’Al Gore restera-t-elle la bande son de l’édition 2023 du Forum de Davos ? Il a explosé sur la scène d’une session le 18 janvier qui rassemblait les dirigeants de deux multinationales, l’entreprise américaine de technologie Sales Forces et la compagnie minière australienne Fortescue, le président colombien Gustavo Petro et la présidente du Congrès national des Indiens d’Amérique. “Nous ne gagnons pas la bataille”, a martelé l’ancien vice-président américain et prix Nobel de la paix pour son action climatique. “Les émissions vont bien plus vite que les solutions que nous devrions mettre en œuvre.” Pendant quatre minutes, Al Gore secoue l’assistance de Davos.
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Après avoir dressé le tableau des conséquences du changement climatique, il déplore rageusement : “nous avons perdu nos capacités d’auto-régulation. Comment expliquer aux jeunes activistes que le président de la COP28 dirige une compagnie pétrolière ? Comment pouvons-nous espérer parler de la baisse de production des énergies fossiles en laissant les compagnies pétrolières et gazières réduire le moindre petit bout de régulation climatique ?” Et de conclure en rappelant que la volonté politique est aussi une source d’énergie renouvelable, ce que confirme le président colombien de gauche. Pour lui, “la crise climatique est entièrement due au mythe économique qu’est le capitalisme”, ce qui à Davos ne manque pas de sel !
Davos reste Davos
Fendre l’armure est aussi une disruption dans un monde de “grands patrons” souvent assimilés à des “surhommes”. C’est ce qu’a osé Arthur Sadoun, le président du groupe Publicis, coté au CAC40, qui a évoqué le cancer de la gorge qu’il a surmonté l’année dernière. Il a lancé, à Davos, l’initiative “Working with cancer” pour lutter contre les discriminations qui conduisent 50% des malades concernés à ne pas oser en parler à leur employeur. Le spot de la campagne montre des personnes en train de dissimuler leurs souffrances au travail. Pour Arthur Sadoun, “la lutte contre le cancer est de plus en plus importante et une approche véritablement collaborative peut se transformer en un impact profond et durable pour les patients au travail”.
Le Forum de Davos n’est malgré tout pas devenu “altermondialiste”. Au-delà des vols massifs en jet privé pour s’y rendre, dénoncés pour leurs nuisances climatiques, la polémique déclenchée par Microsoft montre que Davos reste Davos. La compagnie, dirigée par Satya Nadella, y a organisé un concert privé de Sting pour une cinquantaine de VIP avant d’annoncer le lendemain le licenciement massif de 10 000 salariés (5% de ses effectifs).
Les licenciements massifs dans la tech ont alimenté bon nombre de conversations puisqu’ils sont la preuve des failles de ces modèles portés aux nues jusque-là. Leur nombre a sans doute aidé les participants à comprendre qu’économie et social sont indissolublement liés et que le grand rêve du “techno-solutionnisme” par transfert dans le métavers, a du plomb dans l’aile.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT_, directrice générale de Novethic
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