La consommation de pesticides a explosé depuis les années 90, et seulement quatre grands groupes – Syngenta, Bayer, Corteva et BASF – se partagent 70 % du marché. C’est le constat alarmant que dresse l’Atlas des pesticides.
C’est une version française inédite de l’Atlas des pesticides que viennent de publier la Fondation Heinrich Böll, Friends of the Earth Europe, BUND, le Pesticide Action Network Europe et La Fabrique écologique. 68 pages d’informations cruciales sur la consommation de pesticides dans le monde. Et sans surprise, nous sommes toujours aussi accros à ces substances. Depuis 1990, la quantité de pesticides utilisés dans le monde a augmenté de 80 %.
À qui profite notre addiction ? Essentiellement à quatre géants de l’agrochimie, à savoir Bayer, Syngenta, Corteva et BASF. Ces quatre entreprises contrôlent aujourd’hui 70 % du marché mondial des pesticides alors que ce chiffre s’élevait seulement à 29 % en 1994. En cause, les fusions qui se sont multipliées ces dernières années à l’instar de Bayer qui digère encore l’acquisition de Monsanto ou de Corteva, née de la fusion encore Dow Chemicals et Dupont.
Amérique du Sud, Asie et Afrique : des marchés en forte croissance
Et la bonne santé financière de ces quatre géants repose en partie sur des ventes de pesticides extrêmement dangereux (HPP), indique l’Atlas. Bayer s’appuie sur les 841 millions de dollars générés par les ventes du célèbre glyphosate, classé “probablement cancérogène” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), Syngenta sur les 242 millions réalisés par le thiaméthoxame, un néonicotinoïde interdit dans les champs européens en raison de sa toxicité pour les abeilles et BASF sur les 272 millions générés par le glufosinate, néfastes sur “la fonction sexuelle et la fertilité”.
Alors que l’Union européenne multiplie les interdictions sur son territoire ce sont essentiellement vers l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique que les pesticides connaissent une forte croissance. “Au cours des 30 dernières années, la valeur des exportations de pesticides depuis l’Union européenne est montée en flèche”, écrivent les auteurs, passant ainsi de 3,2 milliards d’euros en 1989 à 15,3 milliards en 2020. Et la tendance devrait s’accélérer notamment en raison de la crise climatique. La hausse des températures va générer une augmentation des insectes et de leur activité, ce qui se traduira par davantage de dégâts sur les récoltes et donc un recours plus important aux pesticides, expliquent les auteurs de l’Atlas.
Une Europe sans pesticides est possible
Concernant la France, qui fait l’objet d’un focus spécifique, l’Atlas affirme qu’elle est le premier pays européen en termes de production issue de l’agriculture biologique. L’Hexagone est par exemple le premier pays à l’échelle mondiale avec 20 % de son vignoble en bio et de nombreuses communes privilégient désormais les produits bio. Mais “la France reste championne des pesticides : selon l’ONG Générations Futures, elle est dans le top 3 des pays européens qui autorisent le plus de pesticides”. En termes de volume, la France est aussi le pays de l’UE qui vend le plus de pesticides, ce qui s’explique en partie par sa surface agricole. Alors comment se passer des pesticides ?
Une autre étude, publiée fin mars par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) vient confirmer la possibilité de chemins sans pesticides en France et en Europe tout en satisfaisant la demande alimentaire, en préservant la souveraineté, la santé et l’environnement. Un tel scénario est envisageable via de multiples leviers comme le fait de favoriser des régimes alimentaires plus riches en végétaux, de développer des équipements et de la robotique au service de l’immunité des plantes, de diversifier les cultures et les paysages ou encore d’accompagner le partage des risques entre les acteurs. Des hypothèses qui nécessitent beaucoup d’anticipation et une forte volonté politique.
Or, aujourd’hui, au niveau européen, le Green deal (Pacte vert) semble quelque peu délaissé alors qu’Emmanuel Macron a demandé une “pause” réglementaire des normes environnementales. Justement, en France, les signaux ne sont pas non plus au vert. Le Sénat vient tout juste d’autoriser, en première lecture, le ministre de l’Agriculture à retoquer des décisions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s’il estime que les répercussions économiques prévalent sur les risques sanitaires et environnementaux. Pour rappel, en avril dernier, le ministre de l’Agriculture Marc Fresneau s’était opposé à une procédure de retrait de l’herbicide agricole S-métolachlore engagé par l’Anses.
Infographie : La consommation mondiale de pesticides a explosé de 80 % depuis les années 90
Publié le 25 mai 2023
ENVIRONNEMENT
La consommation de pesticides a explosé depuis les années 90, et seulement quatre grands groupes – Syngenta, Bayer, Corteva et BASF – se partagent 70 % du marché. C’est le constat alarmant que dresse l’Atlas des pesticides.
C’est une version française inédite de l’Atlas des pesticides que viennent de publier la Fondation Heinrich Böll, Friends of the Earth Europe, BUND, le Pesticide Action Network Europe et La Fabrique écologique. 68 pages d’informations cruciales sur la consommation de pesticides dans le monde. Et sans surprise, nous sommes toujours aussi accros à ces substances. Depuis 1990, la quantité de pesticides utilisés dans le monde a augmenté de 80 %.
À qui profite notre addiction ? Essentiellement à quatre géants de l’agrochimie, à savoir Bayer, Syngenta, Corteva et BASF. Ces quatre entreprises contrôlent aujourd’hui 70 % du marché mondial des pesticides alors que ce chiffre s’élevait seulement à 29 % en 1994. En cause, les fusions qui se sont multipliées ces dernières années à l’instar de Bayer qui digère encore l’acquisition de Monsanto ou de Corteva, née de la fusion encore Dow Chemicals et Dupont.
Amérique du Sud, Asie et Afrique : des marchés en forte croissance
Et la bonne santé financière de ces quatre géants repose en partie sur des ventes de pesticides extrêmement dangereux (HPP), indique l’Atlas. Bayer s’appuie sur les 841 millions de dollars générés par les ventes du célèbre glyphosate, classé “probablement cancérogène” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), Syngenta sur les 242 millions réalisés par le thiaméthoxame, un néonicotinoïde interdit dans les champs européens en raison de sa toxicité pour les abeilles et BASF sur les 272 millions générés par le glufosinate, néfastes sur “la fonction sexuelle et la fertilité”.
Alors que l’Union européenne multiplie les interdictions sur son territoire ce sont essentiellement vers l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique que les pesticides connaissent une forte croissance. “Au cours des 30 dernières années, la valeur des exportations de pesticides depuis l’Union européenne est montée en flèche”, écrivent les auteurs, passant ainsi de 3,2 milliards d’euros en 1989 à 15,3 milliards en 2020. Et la tendance devrait s’accélérer notamment en raison de la crise climatique. La hausse des températures va générer une augmentation des insectes et de leur activité, ce qui se traduira par davantage de dégâts sur les récoltes et donc un recours plus important aux pesticides, expliquent les auteurs de l’Atlas.
Une Europe sans pesticides est possible
Concernant la France, qui fait l’objet d’un focus spécifique, l’Atlas affirme qu’elle est le premier pays européen en termes de production issue de l’agriculture biologique. L’Hexagone est par exemple le premier pays à l’échelle mondiale avec 20 % de son vignoble en bio et de nombreuses communes privilégient désormais les produits bio. Mais “la France reste championne des pesticides : selon l’ONG Générations Futures, elle est dans le top 3 des pays européens qui autorisent le plus de pesticides”. En termes de volume, la France est aussi le pays de l’UE qui vend le plus de pesticides, ce qui s’explique en partie par sa surface agricole. Alors comment se passer des pesticides ?
Une autre étude, publiée fin mars par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) vient confirmer la possibilité de chemins sans pesticides en France et en Europe tout en satisfaisant la demande alimentaire, en préservant la souveraineté, la santé et l’environnement. Un tel scénario est envisageable via de multiples leviers comme le fait de favoriser des régimes alimentaires plus riches en végétaux, de développer des équipements et de la robotique au service de l’immunité des plantes, de diversifier les cultures et les paysages ou encore d’accompagner le partage des risques entre les acteurs. Des hypothèses qui nécessitent beaucoup d’anticipation et une forte volonté politique.
Or, aujourd’hui, au niveau européen, le Green deal (Pacte vert) semble quelque peu délaissé alors qu’Emmanuel Macron a demandé une “pause” réglementaire des normes environnementales. Justement, en France, les signaux ne sont pas non plus au vert. Le Sénat vient tout juste d’autoriser, en première lecture, le ministre de l’Agriculture à retoquer des décisions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s’il estime que les répercussions économiques prévalent sur les risques sanitaires et environnementaux. Pour rappel, en avril dernier, le ministre de l’Agriculture Marc Fresneau s’était opposé à une procédure de retrait de l’herbicide agricole S-métolachlore engagé par l’Anses.
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