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La grève des contrôleurs de train illustre la nouvelle typologie des mouvements sociaux

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SNCF decembre 2022 greve STEPHANE DE SAKUTINAFP

Publié le 26 décembre 2022

Les contrôleurs de la SNCF se sont mobilisés sur une page Facebook, à la manière des Gilets jaunes. S’ils ont profité du cadre juridique du préavis de grève déposé par les organisations syndicales, leur mouvement a pourtant débordé les représentants du personnel. Ces collectifs qui se mobilisent sur les réseaux sociaux se développent, et illustrent l’émergence de nouvelles formes de contestations sociales.

La grève des contrôleurs de train le week-end de Noël aura encore accru les tensions autour de la SNCF. Avec jusqu’à 40% de trains en mois pendant le week-end, la grève a été souvent critiquée dans l’opinion publique car elle empêchait les réunions de famille. Les organisations syndicales, qui avaient déposé le préavis n’avaient pourtant pas appelé à débrayer pendant la trêve de Noël. Mais le collectif des contrôleurs en a décidé autrement, comme il l’avait déjà fait plus tôt dans le mois.

Le mouvement, qui semble avoir surpris la direction de l’entreprise, reflète en fait l’émergence de nouvelles manières de porter les revendications sociales, très inspirées du mouvement des Gilets jaunes. Les contrôleurs de trains se sont en effet mobilisés à partir des réseaux sociaux, sans passer par les canaux habituels de la représentation syndicale. Ils discutaient depuis longtemps sur une page Facebook dédiée de leurs multiples revendications et de leur malaise, notamment du fait qu’ils ne bénéficiaient pas du même statut que le personnel roulant.

“La direction n’est pas parvenue à prendre la mesure de ce malaise et les organisations syndicales non plus”, s’étonne sur France Inter Stéphane Sirot, historien spécialiste des relations sociales. “C’est un mouvement qui interroge l’aspect institutionnel des relations sociales, qui a du mal à capter les attentes d’un certain nombre de salariés”, ajoute-t-il.

Des syndicats moins proches du terrain

Un constat partagé par des syndicats de la SNCF, selon qui la réforme de 2018 qui a créé le Comité social et économique (CSE) en fusionnant les anciens comités d’entreprise et comité d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT), a affaibli les relations sociales dans les entreprises en éloignant les syndicalistes du terrain. “Les élus doivent gérer des périmètres plus étendus, ils sont pris dans des processus de négociation obligatoires qui leur prennent beaucoup de temps. Cela rend la présence sur le terrain de la médiation des organisations syndicales plus compliquée”, estime Stéphane Sirot sur France Inter.

Cette moindre représentation dans les entreprises laisse émerger des revendications issues de catégories de personnels qui peinent à se faire entendre. Début décembre, un autre collectif né sur Facebook s’était aussi manifesté, celui baptisé “Médecins pour demain”. Se définissant comme “apolitique et asyndical”, et comptant plusieurs milliers de membres sur le réseau social, il avait appelé à la grève le 1er et 2 décembre pour demander le doublement des tarifs de consultation.

À la SNCF, les négociations entre les syndicats et la direction ont finalement abouti et les organisations syndicales ont levé leur préavis de grève pour le week-end du jour de l’an. Le prochain test pour le climat social risque cependant d’arriver très vite. Après les négociations salariales de fin d’année, la présentation de la réforme des retraites le 10 janvier prochain pourrait, à nouveau, faire émerger de nouvelles revendications catégorielles…

Arnaud Dumas

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