Immense paradoxe du moment. Pour justifier la réforme des retraites, la nécessité d’allonger la durée du temps de travail a été mise en avant, alors que les statistiques témoignent de la très grande difficulté des seniors à garder ou retrouver un emploi. “Dans le milieu du travail, selon l’institut de sondage IFOP, l’âge est le premier facteur de discrimination à l’emploi. Le droit du travail définit un salarié senior à partir de 45, 50 ou 57 ans selon les situations. Pour certains recruteurs en entreprise, on serait déjà senior dès 35 ans, soit 30 ans avant l’âge légal de la retraite !”, explique Gérond’if.
Le gérontopôle d’Ile de France, une association au service des seniors, est à l’origine d’une campagne de prévention positive qui s’affiche dans le métro pour rappeler que l’âgisme est une discrimination et que les cheveux blancs doivent inspirer le respect. “Le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a presque triplé entre 2008 et 2015”, peut-on lire dans une brochure qui souligne que les discriminations ont lieu lors du recrutement comme dans le cadre des départs anticipés. Pourtant rares sont ceux qui savent que l’âgisme est, depuis 2016, une discrimination passible de poursuites pénales.
28,3% des 62 ans travaillent
Il faudrait donc mettre en place des grands programmes pour éduquer les salariés sur les stéréotypes négatifs liés à l’âge : ne comprennent rien à l’informatique, trop lents, trop chers… Gérond’if explique d’ailleurs que cette discrimination négligée a “des effets réels sur la santé et peut provoquer ou amplifier de nombreux troubles psycho‑sociaux et donc à terme, diminuer fortement l’espérance de vie et aggraver certaines maladies, ce qui représente un coût pour l’entreprise et pour la société.”
Selon l’étude publiée par la Dares en janvier 2023, 52,3% des personnes âgées de 60 ans travaillent, 43,2% des personnes de 61 ans et seulement 28,3% des 62 ans, âge légal de la retraite jusqu’à ce qu’il soit reculé de deux ans par la réforme adoptée dans la confusion le 16 mars. Aujourd’hui, le taux d’emploi baisse de 24 points entre 60 et 62 ans. Comment imaginer que le passage de l’âge légal de 62 à 64 ans inverse cette tendance ?
Les candidatures jeunes systématiquement valorisées
Lors des débats, la pénibilité physique du travail de ceux qui transportent des charges lourdes par exemple a été abordée mais pas la santé mentale des salariés confrontés à de nouveaux univers de travail très anxiogènes. La lutte contre l’âgisme, qui est pourtant central dans les difficultés d’emploi des plus seniors, est rarement mentionnée. Les initiatives de prévention contre ce fléau ancré dans de nombreux esprits sont encore très rares.
On peut mentionner le site lancé par la Commission RSE de l’association des agences en communication. Conçu comme des fiches pratiques à l’intention d’un secteur où seuls 5,8% des salariés ont plus de 55 ans, ce qui inclut les dirigeants des agences, il pousse à lancer des campagnes adaptées dont des sessions de formation aux outils digitaux utilisés type Slack.
L’âgisme, Veronique Le Renard, experte en web marketing et RSE le traque inlassablement sur LinkedIn. Récemment elle a adressé sa candidature à un éditeur de logiciels RSE qui mentionnait dans son recrutement “équipe jeune” et “management jeune”. Elle a été éconduite et mentionnait que c’était sa 8ème tentative depuis janvier 2019 d’alerte sur ce conditionnement valorisant systématiquement des candidatures jeunes. L’exemplarité par la RSE tarde donc à venir sur l’âgisme. Or changer les mentalités ne peut pas se faire par 49.3.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic
La retraite passe à 64 ans par 49.3, ce qui va obliger les employeurs à lutter contre l’âgisme
Publié le 17 mars 2023
La grande bataille déclenchée par la réforme des retraites, adoptée après un passage en force du gouvernement, a laissé de côté des questions cruciales. L’index senior ou le CDI senior, mesures proposées pour stimuler l’emploi des plus de 60 ans, ne sont pas en mesure de s’attaquer à une discrimination aussi mal connue que répandue : l’âgisme. Une campagne de prévention déployée dans le métro tente de s’attaquer aux préjugés, mais les employeurs ont un énorme travail à faire sur eux-mêmes et leurs équipes pour intégrer les 60 ans et plus au monde du travail tel qu’il est.
Immense paradoxe du moment. Pour justifier la réforme des retraites, la nécessité d’allonger la durée du temps de travail a été mise en avant, alors que les statistiques témoignent de la très grande difficulté des seniors à garder ou retrouver un emploi. “Dans le milieu du travail, selon l’institut de sondage IFOP, l’âge est le premier facteur de discrimination à l’emploi. Le droit du travail définit un salarié senior à partir de 45, 50 ou 57 ans selon les situations. Pour certains recruteurs en entreprise, on serait déjà senior dès 35 ans, soit 30 ans avant l’âge légal de la retraite !”, explique Gérond’if.
Le gérontopôle d’Ile de France, une association au service des seniors, est à l’origine d’une campagne de prévention positive qui s’affiche dans le métro pour rappeler que l’âgisme est une discrimination et que les cheveux blancs doivent inspirer le respect. “Le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a presque triplé entre 2008 et 2015”, peut-on lire dans une brochure qui souligne que les discriminations ont lieu lors du recrutement comme dans le cadre des départs anticipés. Pourtant rares sont ceux qui savent que l’âgisme est, depuis 2016, une discrimination passible de poursuites pénales.
28,3% des 62 ans travaillent
Il faudrait donc mettre en place des grands programmes pour éduquer les salariés sur les stéréotypes négatifs liés à l’âge : ne comprennent rien à l’informatique, trop lents, trop chers… Gérond’if explique d’ailleurs que cette discrimination négligée a “des effets réels sur la santé et peut provoquer ou amplifier de nombreux troubles psycho‑sociaux et donc à terme, diminuer fortement l’espérance de vie et aggraver certaines maladies, ce qui représente un coût pour l’entreprise et pour la société.”
Selon l’étude publiée par la Dares en janvier 2023, 52,3% des personnes âgées de 60 ans travaillent, 43,2% des personnes de 61 ans et seulement 28,3% des 62 ans, âge légal de la retraite jusqu’à ce qu’il soit reculé de deux ans par la réforme adoptée dans la confusion le 16 mars. Aujourd’hui, le taux d’emploi baisse de 24 points entre 60 et 62 ans. Comment imaginer que le passage de l’âge légal de 62 à 64 ans inverse cette tendance ?
Les candidatures jeunes systématiquement valorisées
Lors des débats, la pénibilité physique du travail de ceux qui transportent des charges lourdes par exemple a été abordée mais pas la santé mentale des salariés confrontés à de nouveaux univers de travail très anxiogènes. La lutte contre l’âgisme, qui est pourtant central dans les difficultés d’emploi des plus seniors, est rarement mentionnée. Les initiatives de prévention contre ce fléau ancré dans de nombreux esprits sont encore très rares.
On peut mentionner le site lancé par la Commission RSE de l’association des agences en communication. Conçu comme des fiches pratiques à l’intention d’un secteur où seuls 5,8% des salariés ont plus de 55 ans, ce qui inclut les dirigeants des agences, il pousse à lancer des campagnes adaptées dont des sessions de formation aux outils digitaux utilisés type Slack.
L’âgisme, Veronique Le Renard, experte en web marketing et RSE le traque inlassablement sur LinkedIn. Récemment elle a adressé sa candidature à un éditeur de logiciels RSE qui mentionnait dans son recrutement “équipe jeune” et “management jeune”. Elle a été éconduite et mentionnait que c’était sa 8ème tentative depuis janvier 2019 d’alerte sur ce conditionnement valorisant systématiquement des candidatures jeunes. L’exemplarité par la RSE tarde donc à venir sur l’âgisme. Or changer les mentalités ne peut pas se faire par 49.3.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic
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