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L’élection de Sophie Binet à la tête de la CGT ouvre la possibilité de relier les débats sur les retraites, l’eau, l’agriculture, le climat…

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Sophie Binet CGT JEFF PACHOUD AFP

Publié le 31 mars 2023

La révolution culturelle qu’est la désignation de Sophie Binet à la tête de la CGT symbolise l’émergence, encore timide, d’autres formes de leadership et de négociations que le rapport de force violents sur des sujets aussi cruciaux que les retraites, le partage de l’eau ou le changement climatique. La complexité des temps amène d’autres formes d’arbitrages et de décisions politiques que ceux qui dominent sur tous les sujets, y compris l’intelligence artificielle. 

Le rapport de force qui règne en maître à travers les affrontements sur les mégabassines ou la réforme des retraites conduit à une escalade permanente : nombre de manifestants contre nombre de forces de l’ordre, nombre de blessés des uns et des autres, adhérents aux partis politiques contre adhésions aux centrales syndicales, syndicats agricoles officiels contre mouvements écologistes radicaux… Ces dialogues de sourds, de plus en plus violents, conduisent surtout à éviter le débat de fond sur des problèmes de société cruciaux. Ils donnent une prime à la violence sans qu’on débatte avec les citoyens de la justification et de la mise en œuvre de telle ou telle disposition.

Les bonnets rouges ont obtenu le scalp des portiques sur les autoroutes qui devaient limiter et financer la lutte contre la pollution générée par le trafic des camions. Depuis elle ne cesse d’augmenter et ils rouillent !  Les gilets jaunes ont obtenu le retrait de la taxe carbone sur l’essence mais rien n’a été règle sur cette dépendance énergétique qui ruine les revenus modestes et motive des subventions aux énergies fossiles largement distribuées.

Une féministe à la tête de la CGT

Sur le plan social l’émergence d’une nouvelle figure dans le monde syndical, Sophie Binet, est un signal fort d’évolution. Cette jeune femme prend la tête de la CGT. Le plus ancien syndicat français, est associé depuis toujours à l’image de combats acharnés menés par ces bastions, les fédérations de l’énergie et des transports. Le syndicat rompt ainsi avec sa représentation très XXe siècle, d’hommes rudes prêts à se battre pour défendre l’emploi menacé dans des piquets de grève de camarades homogènes.

Sophie Binet est une spécialiste de l’égalité entre femmes et hommes et elle est responsable de la branche CGT cadres et professions intermédiaires (UGICT). Son organisation a, par exemple, lancé en novembre dernier avec le Réveil Écologique un “Radar Travail et environnement”. Cet “outil inédit a été co-conçu pour stopper l’inaction d’un trop grand nombre d’entreprises et de collectivités en faveur du climat”. Sophie Binet qui a, à la surprise générale, ce matin obtenu l’approbation du congrès de la CGT réuni à Clermont-Ferrand, ne cesse de conjuguer les dimensions environnementales et sociales comme le montre cet extrait de l’émission C politique .

Les “problèmes sournois” contre les “problèmes complexes”

Établir des liens entre des thèmes comme la retraite et la transition écologique est indispensable pour transformer l’économie et la société. Cela veut dire cesser de traiter en silos des questions complexes comme l’expliquent deux chercheurs, l’écologue Claude A. Garcia et le philosophe des sciences Silvio O. Funtowicz dans une tribune remarquable publiée dans Le Monde qui décrit la nécessité de recourir à la science “post normale”. “Quand les enjeux sont élevés et les incertitudes irréductibles ou non mesurables, quand les valeurs qui guident la décision sont contestées et que les décisions sont urgentes, il faut renoncer à une quête épuisante et stérile de la certitude”. Ils ajoutent : “Cette nouvelle approche encourage la coproduction de connaissances et la communication pour mieux comprendre les enjeux, les solutions potentielles et se préparer collectivement aux surprises qui ne manqueront pas de se présenter.”

Sophie Binet aura-t-elle la possibilité d’innover dans le cadre des négociations dans l’impasse sur la réforme des retraites ? Il faut le souhaiter car il est indispensable de traiter de front tous les sujets (mégabassines, choix énergétiques, crise de l’eau) tout en prenant le temps de documenter et scénariser les impacts des crises actuelles. Même les techno-solutionnistes dont le chef de file est Elon Musk s’en sont aperçus en lançant une pétition pour un moratoire sur le développement de l’intelligence artificielle. Si même les apprentis sorciers font des mea culpa, le mouvement peut faire tache d’huile ! 

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