Leroy Merlin imagine un “nutriscore” environnemental et social pour évaluer l’impact de ses produits

C’est une première. L’enseigne française Leroy Merlin a annoncé il y a quelques jours la mise en place de son indicateur environnemental, “Home Index”. Développé durant trois années, il permet d’identifier et de noter l’impact social et environnemental des produits de bricolage, de jardinage et de décoration distribués par la marque. D’abord affiché sur le site leroymerlin.fr en décembre 2022, l’indicateur a pris place depuis le début du mois d’avril dans les 144 boutiques de la chaîne.

Si l’outil était à l’origine destiné aux équipes internes, les nouvelles habitudes des consommateurs ont poussé Leroy Merlin à le diffuser plus largement. “L’objectif premier, c’est d’informer le client. Il va pouvoir choisir ses produits sur plusieurs critères : le prix, le design, la praticité… Mais aussi la durabilité, la production ou les matières employées. Aujourd’hui, c’est quelque chose d’important”, explique à Novethic Joachim Pommeret, Responsable de l’offre Maison plus économe pour Leroy Merlin France.

A la manière du Nutriscore utilisé dans l’alimentation, une note allant de A (la meilleure) à E (la moins bonne) est associée au produit. Matières premières, conditions de production, emballages, composants, consommation d’eau et d’énergie, durée de vie et réparabilité : 26 critères répartis dans six catégories sont pris en compte sur l’ensemble du cycle de vie de l’article. La moyenne de chaque score permet ensuite l’attribution d’une note globale. 35 000 produits sont actuellement évalués. Mais l’analyse devrait prochainement porter sur un ensemble plus large.

“Aujourd’hui, l’affichage de l’indicateur ne concerne que nos marques propres. L’ambition c’est de publier les notes sur 100% de nos fournisseurs d’ici la fin de l’année, ce qui représente des milliers de produits”, souligne Joachim Pommeret. Reste donc à convaincre les partenaires du distributeur. Un enjeu essentiel, mais bien atteignable selon le Responsable de l’offre. “Les fournisseurs sont très en demande. Ils nous challengent pour avoir des notes leur permettant de regarder critère par critère comment s’améliorer”, précise-t-il. 85 industriels s’apprêtent ainsi à utiliser “Home Index” pour l’analyse de leurs articles.

Car c’est bien là le second objectif de l’indicateur : identifier les leviers d’optimisation à disposition de l’enseigne et de ses fournisseurs. “Home Index donne aussi et surtout la possibilité d’améliorer l’offre, au sein d’une même catégorie. Cela permet d’indiquer au fournisseur comment procéder. C’est la vertu de cet outil”, appuie Joachim Pommeret. Leroy Merlin va opter pour la même démarche qu’elle poursuit avec ses avis clients. Un produit obtenant une mauvaise évaluation sera retravaillé afin de faire progresser sa note. Si aucune solution n’est trouvée, l’enseigne pourrait aller jusqu’au retrait de la référence de son catalogue. Actuellement, aucun produit évalué n’obtient une note inférieure à D signale le distributeur, qui ne compte pas s’arrêter là.

De nouveaux critères pourraient ainsi être ajoutés à la grille d’évaluation, tel que le bilan carbone. “C’est extrêmement compliqué d’avoir une donnée carbone fiable à la référence, admet Joachim Pommeret. Mais c’est dans nos objectifs. Ce critère sera intégré dès que nous serons matures sur le sujet.” Par ailleurs, Leroy Merlin confie être en discussion avec d’autres enseignes du secteur afin de diffuser son indicateur social et environnemental plus largement. Pour le géant de l’habitat, “l’ambition est de faire d’Home Index un référentiel universel, exploité voire optimisé collectivement.”