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Schneider Electric : les actionnaires valident sa stratégie climat malgré la controverse Eacop

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AG2023 Schneider Electric Jean Pascal Tricoire capture d ecran

Publié le 05 mai 2023

L’assemblée générale des actionnaires de Schneider Electric s’est tenue le 4 mai. L’industriel français, chouchou des investisseurs durables, a soumis au vote sa stratégie climatique qui ambitionne de réduire de 25% ses émissions de CO2 en 2030 et 90% en 2050. Il a largement remporté les suffrages, même si une actionnaire a soulevé la question de la participation du groupe au projet pétrolier controversé Eacop, en Afrique de l’Est.

Comme une lettre à la poste ! Schneider Electric a soumis au vote de ses actionnaires son plan climatique, lors de son assemblée générale du 4 mai. Ils ont approuvé cette résolution dite “Say on climate” à plus de 97%, validant une stratégie mise en place de longue date par cet industriel spécialisé dans les équipements électriques. Schneider Electric se positionne en effet sur deux piliers, la numérisation des équipements industriels d’une part, avec pour but d’améliorer l’efficacité énergétique, et l’électrification des usages.

Juste avant le vote, Jean-Pascal Tricoire, le président du groupe, s’était livré à un exercice d’explication de texte sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, afin de convaincre ses actionnaires. “Nous nous sommes fixés des objectifs ambitieux en matière de décarbonation, pour nous-mêmes mais aussi pour nos clients et fournisseurs“, explique-t-il. L’empreinte carbone du groupe ne provient en effet qu’à 1% des activités internes de l’entreprise, le reste étant réparti entre les émissions de gaz à effet de serre de ses fournisseurs pour 14%, et celles des clients utilisant les produits Schneider Electric à 85%. “Nous aidons nos clients à économiser et éviter 100 millions de tonnes de CO2 par an avec nos technologies. Et en amont, nous apportons notre soutien à 1000 fournisseurs clés pour diviser par deux leurs émissions“, ajoute-t-il.

Eacop, une ombre au tableau

Au global, Schneider Electric prévoit de réduire son empreinte carbone de 25% d’ici 2030 et de 90% d’ici 2050, des objectifs que l’entreprise a fait valider par l’organisation internationale Science-based target initiative (SBTi). Autant d’éléments qui ont persuadé la majorité des actionnaires à valider la stratégie climatique de l’entreprise, d’autant que celle-ci affirme être l’une des valeurs préférées des investisseurs durables.

Seule ombre au tableau, la participation de Schneider Electric au projet controversé Eacop, qui vise à développer plusieurs champs pétroliers en Afrique de l’Est et à construire un pipeline chauffé entre l’Ouganda et la Tanzanie. Pendant l’assemblée générale, une actionnaire engagée dans des associations écologiques a révélé sa stupeur en apprenant que Schneider Electric, acteur engagé de la transition climatique, participait à un projet “climaticide et anachronique“.

Nous travaillons avec ces industries pour les rendre moins carbonées“, a répondu Jean-Pascal Tricoire, en insistant sur le fait que la stratégie reposait à 95% sur l’efficacité énergétique et la décarbonation, le reste sur les énergies fossiles. Selon lui, les technologies de Schneider Electric permettent de réduire de 30% les émissions liées au projet Eacop en lui-même. Reste celles liées au pétrole extrait du sol, alors que les rapports du Giec ou de l’Agence internationale de l’énergie préconisent de ne plus lancer de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles pour limiter le réchauffement à 1,5°.

Un projet dénoncé par les ONG

C’est bien ce que dénoncent les ONG dans ce projet, porté en majorité par TotalEnergies. Plusieurs acteurs internationaux, notamment des banques et des compagnies d’assurance, ont ainsi refusé d’y participer pour ne pas contribuer à l’expansion pétrolière. Jean-Pascal Tricoire, de son côté, justifie la position de Schneider Electric en expliquant que la transition énergétique nécessite encore le recours au pétrole et au gaz dans les prochaines années. Le monde aura toujours besoin “de 20% d’énergies fossiles en 2050, alors qu’il repose aujourd’hui à 80% sur les énergies fossiles“, assure-t-il. Il ajoute : “le monde est drogué aux énergies fossiles, on ne sort pas une personne de la drogue en sortant d’un coup“.

La controverse n’a cependant pas pesé sur le “Say on climate” de Schneider Electric, qui prévoit de soumettre à nouveau sa stratégie climatique au vote de ses actionnaires dans trois ans. Elle sera cependant portée par un nouveau directeur général, Jean-Pascal Tricoire, qui cumulait jusqu’alors les fonctions de président et de directeur général, a passé la main à son successeur, l’Allemand Peter Herweck.

Arnaud Dumas

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