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Sécheresse : le monde agricole recherche une solution entre assurance et adaptation

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Secheresse betail agriculture france Philippe Desmazes AFP

Après un mois de juillet qualifié de deuxième mois le plus sec depuis 1959, la sécheresse et la canicule pèsent sur les grandes cultures. Résultat, la France connaît déjà une baisse générale de sa production, selon les chiffres officiels de l’Agreste cités par l’agro-climatologue Serge Zaka.

L’inquiétude monte aussi sur la production de fourrages avec des prairies qui ne sont déjà plus en mesure de nourrir le bétail dans de nombreuses régions de France. “Aujourd’hui les éleveurs français sont obligés de nourrir leurs animaux en pâture avec du foin récolté il y a deux mois mais qui était prévu pour cet hiver“, alerte Bruno Cardot, éleveur dans les Hauts de France, sur Twitter.

En temps normal, les éleveurs commencent à nourrir les bêtes avec du fourrage à partir d’octobre ou novembre, quand l’herbe n’est plus assez abondante. “Cela va être très, très inquiétant pour cet hiver”, martèle l’agriculteur. Cette production est “fortement corrélée à l’indice hydrique des sols qui est en baisse de 21 % au 20 juillet et jusqu’à -63 % en PACA“, souligne Serge Zaka.

Partage du risque entre l’État, les agriculteurs et les assureurs

La situation ne va pas s’améliorer à court terme. Le pays connaît en effet un troisième épisode de canicule. Pour faire face à ces sécheresses et aux aléas climatiques qui vont se multiplier avec le réchauffement climatique, l’État a prévu un nouveau régime universel d’indemnisation des pertes de récoltes résultant d’aléas climatiques. Il sera opérationnel au 1er janvier 2023.

Ce régime a, selon les attendus de la loi, vocation à partager le risque entre l’État, les agriculteurs et les assureurs. Le dispositif prévoit trois étages de couverture des risques : les risques mineurs restent pris en charge par l’agriculteur, ceux d’intensité moyenne seront mutualisés entre les territoires et les filières par le biais d’un contrat d’assurance récolte (MRC) dont les primes font l’objet d’une aide de l’État. Enfin, les risques dits catastrophiques seront couverts par le fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA). Les assureurs du secteur sont contraints d’y adhérer afin de partager les données et mutualiser les risques, pour établir une prime d’assurance la plus juste possible.

Quant aux agriculteurs, ils ne sont pas obligés de souscrire à un système d’assurance récolte. Toutefois, les conditions d’indemnisation seront moins favorables pour ceux n’ayant pas de contrat. Par ailleurs, un dispositif de “modulation” de l’aide à l’installation incite les jeunes agriculteurs à souscrire une assurance multirisque climatique dès leur entrée en activité. Avec ces incitations, le ministère souhaite que la moitié des cultures soient assurées d’ici à 2030 alors que la profession est aujourd’hui très peu couverte pour les risques climatiques – en dépit de primes d’assurance subventionnées à 65 % par la Politique agricole commune (PAC).

Pour des systèmes “plus résilients au changement climatique

Les décrets d’application de cette réforme votée en mars dernier sont toujours en négociation, mais elle est déjà jugée insuffisante. Des élus dénoncent en effet la place prépondérante donnée au secteur privé. La Confédération paysanne plaide également pour la création d’un “fonds mutuel et solidaire” impliquant notamment les filières. Le syndicat milite aussi pour un accompagnement vers des “systèmes plus résilients au changement climatique“, confie au Pèlerin Denis Perreau, agriculteur en Côte-d’Or et l’un des secrétaires de la Confédération paysanne. 

Un souhait également défendu par des chercheurs qui appellent à adapter les cultures au changement climatique. L’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) a notamment lancé le programme Déroval qui planche sur le développement de cultures en mesure de produire avec peu d’eau. D’autres programmes comme l’outil “AgriAdapt – AWA” de Solagro facilite également l’adaptation des exploitations à la nouvelle donne climatique.

Mathilde Golla @Mathgolla

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